LA BELLA DEL SIGNORE, 2011

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Janis_rm
view post Posted on 19/2/2011, 16:15 by: Janis_rm




Bellissimo articolo, di un giornalista che era sul sett del fiilm, mentre giravano una scena molto complicata.

Per il momento lo pubblico in francese (se non avevte notato abbiamo le iconcine per le traduzioni già pronte appena sotto il logo) poi lo sostituiremo con una versione in un buon italiano, appena possiblie.




La Belle du Seigneur, du roman au film
CROUSSE,NICOLAS

Page 41

Samedi 4 décembre 2010

Cinéma Histoire d’amour et de tournage
Une malédiction pèse sur les cinéastes qui auraient eu, les inconscients, l’arrogance de se frotter aux œuvres maîtresses de la littérature. Peut-on s’attaquer à l’adaptation de Don Quichotte ? Posez la question à Orson Welles. Il en a presque perdu la raison. Et Terry Gilliam n’a pas fait mieux. Touchez à un cheveu de Proust. Approchez du mausolée littéraire de Céline : leurs cadavres sont piégés !

Ceux qui ont rêvé, depuis la parution en 1968 de Belle du Seigneur, de concrétiser sa transposition sur grand écran, s’en sont souvent mordu les doigts. Jadis, Catherine Deneuve caressa ce rêve, et alla jusqu’à écrire à Albert Cohen, l’auteur, afin de le convaincre de laisser le cinéma s’emparer du roman. Le projet ne déplut pas tout à fait à l’écrivain, qui alla dans le courant des années 70 jusqu’à envisager une adaptation, incarnée par Deneuve dans le rôle d’Ariane… et par Bernard-Henri Lévy, dans le rôle de Solal !

Trente ans plus tard, le projet de film reprit vie, sous une autre paternité, et l’on cita les noms de Ludivine Sagnier, Olivier Martinez ou Alessio Boni. Tous recalés. Et voilà qu’aujourd’hui, de projet maudit, on est passé à film concrétisé, et donc bientôt sur les écrans.

Depuis fin septembre, Glendo Bonder, jeune réalisateur d’origine brésilienne, tourne Belle du Seigneur. Un film aux ambitions internationales, parlé en anglais et porté par un casting détonnant : Jonathan Rhys-Meyer (Match Point) dans le rôle de Solal, la top-modèle russe Natalia Vodianova dans celui d’Ariane d’Auble, ou Marianne Faithfull dans celui de Mariette, la domestique populo et ancienne nounou d’Ariane.

Avant le premier tour de manivelle, le film est attaqué par les défenseurs du livre. Des passionnés, parfois intégristes, estiment que cette pièce maîtresse de la littérature est une forteresse intouchable. Et qu’aucun cinéaste, fût-il Visconti ou aujourd’hui Gray, n’a le droit d’y toucher. Glenio Bonder s’attaque avec ce film à son premier long-métrage de fiction. Pas à son premier film. En 1995, il cosigne un documentaire sur Albert Cohen, diffusé dans le cadre de la série télé Un siècle d’écrivains. Le portrait de Cohen est une vraie réussite, et Bonder parvient dans la foulée à gagner la confiance de la veuve de l’écrivain, Bella Cohen. Pas celle des inconditionnels du livre, qui se répandent en critiques acerbes sur internet. En ciblant un casting pour produits de beauté. En s’offusquant de voir la luxuriante langue de Cohen traduite en anglais. En reprochant au projet de se limiter à une histoire d’amour presque ordinaire.

Ni le poids de ce monument littéraire ni le procès d’intention des défenseurs de Cohen ne font reculer Glenio Bonder. Et dans le courant du mois de novembre, voilà l’équipe du film qui s’installait pendant quelques jours en Belgique, afin de tourner quelques scènes clés de l’intrigue. Les Belges de Banana Films sont dans la production du film.

L’ambiance est tendue, le 19 novembre, lorsque nous arrivons sur les hauteurs de Spa, dans une villa où se sont installés, pour deux jours, les acteurs du film. Dès le matin, le silence complet est réclamé. Tels des comédiens de théâtre, Jonathan Rhys-Meyer et Natalia Vodianova répètent inlassablement une longue scène, douloureuse et cruciale, où Solal, en tortionnaire machiavélique, est censé massacrer à coups de suspicion la candeur de la fragile Ariane.

La fureur de Jonathan Rhys-Meyer
D’emblée, on est saisi. Pétrifié. Jonathan Rhys-Meyer possède un charisme phénoménal. Qui fait presque froid dans le dos, quand il doit entrer dans la peau de son personnage, peu à peu possédé par une colère dévastatrice. Si son charisme impose facilement le silence sur le plateau, ses récurrents oublis de texte le rendent proprement électrique.

Une pause est bientôt nécessaire. Une voiture luxueuse emmène Natalia et Jonathan vers leur hôtel. Le temps de décompresser. Et de préparer, dans l’intimité, les modalités de ce face-à-face explosif. Glenio Bonder en profite pour s’aérer un peu les poumons. Et pour entamer avec nous un début de conversation. Il sait qu’il est attendu. Il connaît le poids du monument qu’il a entre les mains. Alors il désamorce rapidement les possibles questions. « Vous savez, c’est une adaptation libre, ce que je fais. Mon seul crime, c’est de vouloir adapter un livre que j’aime. Et avant sa mort, Bella Cohen a supervisé le scénario. »

Une heure plus tard, revoilà les comédiens. Ils sont prêts. Alors on s’affaire ici et là : ça y est, on va tourner. Derrière son écran de contrôle, Eduardo Serra, le chef opérateur du Mari de la coiffeuse ou du dernier Harry Potter, contrôle paisiblement la situation. Cela fait quarante ans qu’il est là. Il en a vu d’autres.

Première prise. « Action ! » La scène commence dans un lourd silence. Solal se livre à l’interrogatoire d’Ariane, qu’il présume coupable d’infidélité. Très vite, Jonathan bute, oublie son texte… et pousse un énorme hurlement (FUCKKKKK !!!) qui fait trembler les murs. « On la refait tout de suite ! », lance-t-il, énervé, à Bonder. Deuxième prise. Deuxième accroc. Et nouvelle salve d’injures balancées dans un cri terrible (« fuck ! shit ! fuck ! shit ! ») Plus personne ne bouge. La tension est à son comble.

Troisième prise. Et même scénario. Le visage injecté de sang et de colère, Jonathan Rhys-Meyer peste comme un champion de tennis passant à côté de son match. On pense à John McEnroe. Même talent incendiaire. Même capacité de dérapage incontrôlable. Exaspéré par ses erreurs, Jonathan quitte soudain le plateau, une cigarette au bec. Besoin de se calmer. Deux minutes ! Il revient, teigneux, et le manège reprend. Quatrième prise. Nouvel échec. Alors, il gueule (« putain, je vais péter quelque chose ! »). Frappe la table comme un sourd. Et n’est plus très loin de la crise de nerfs.

Par la force
On assiste à ce mini-psychodrame d’abord stupéfait. Puis, fasciné. Car l’on comprend que l’acteur est en train d’entrer dans son rôle. Comme un boxeur. Comme un taureau. Par la force. Peu à peu gagné par la rage obsessionnelle de Solal, Jonathan Rhys-Meyer se chauffe au contact des prises, et finit par prendre possession de son personnage. À la onzième prise, il n’est plus un comédien. Il est devenu Solal. La prise est réussie. Elle est magnifique.

Aussitôt souriant, libéré, Jonathan se joint à l’équipe qui s’en va déjeuner sous une tente de fortune. Passe à côté de Marianne Faithfull, en train de paisiblement tailler une bavette avec un chauffeur. Et vient s’asseoir à la table des occupantes spadoises de la maison, autant ravies qu’elles semblaient, une heure plus tôt, dévastées. Elles viennent de découvrir, le cœur en chamade, le drôle de monde du cinéma.


chefs-d’œuvre de la littérature
Le roman d’Albert Cohen
Comment parler de Belle du Seigneur, le roman-fleuve d’Albert Cohen ? Par où commencer ? L’écrivain suisse d’origine juive y a travaillé près de trente ans. Dès Solal, publié en 1930, la trame narrative est présente, avec son décor (la Société des Nations), son attachement à l’âme juive et son étrange rapport aux femmes. Dans Belle du Seigneur, publié en 1968, Solal entreprend sous un déguisement de vieillard juif de séduire la femme d’un fonctionnaire (belge !) à la SDN. Celle-ci résiste. Mais cédera lorsque le masque tombera et dévoilera la jeunesse d’un amant terrible.

Enlevée à la vie solitaire de son mariage médiocre, Ariane s’abandonne à la passion amoureuse, presque religieuse, avec un Seigneur qui a l’autorité d’un Dieu. Les amants s’isolent progressivement, en partageant un « amour chimiquement pur », qui après les avoir propulsés au paradis, les plongera en enfer.

Emballée dans une langue miraculeuse, cette bible littéraire découpée en monologues tantôt sensuels, tantôt caricaturaux, tantôt tragiques, est à coup sûr l’un des très grands classiques du vingtième siècle.

FONTE
 
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57 replies since 11/1/2011, 22:39   2599 views
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